Présumé assassinat d'un leader sikh canadien par le gouvernement de l'Inde. Cet événement tragique a été suivi par de sérieuses accusations et des renvois de diplomates chargés des relations indo-canadiennes. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Tout a commencé lorsque le Canada a découvert le meurtre d'Hardeep Singh Nijjar en sol canadien. Une enquête du côté d'Ottawa a été menée afin d'élucider le mystère et de déterminer si l'Inde serait impliquée dans cet acte criminel. L'enquête s'est résolue à une possible implication du gouvernement indien dans cet événement qui est survenu quelques semaines après le G20 à New Delhi.

Évidemment l'Inde a trouvé ces accusations absurdes, fausses et frappantes. Elle affirme n'avoir aucun lien avec cette affaire survenue en juin dernier.

La proportion de sikhs au Canada est très importante, en effet nous sommes le deuxième pays du monde avec le plus de sikhs (800 000 sikhs au Canada !). L'Inde a souvent tenté de limiter les mouvements religieux sikhs dans son territoire en utilisant la force et la violence. C'est pourquoi plus de 10 % des sikhs sont répartis dans des pays autres que l'Inde.

Dans les années 1980, un fort mouvement séparatiste secoua l'État indien du Pendjab avec une population de 58 % de sikhs. Ensuite, dans les années 1990, l'Inde essaya de contrôler et limiter les actions du mouvement afin des mesures violentes un peu comme la Tian'anmen qui s'est déroulé en Chine en 1989. Ultérieurement, les sikhs ont immigré ailleurs afin de continuer de revendiquer l'indépendance de cet état et de dénoncer les mauvaises actions que l'ancien gouvernement indien a pris. Hardeep Singh Nijjar faisait partie de ses nombreux militants.

Par conséquent, plusieurs considèrent l'idée que M. Nijjar faisait souvent recours à la violence afin de faire valoir son opinion. Certains croient même qu'il serait impliqué dans certains attentats armés en Inde. En effet, l'Inde avait déjà demandé au Canada de lui livrer Nijjar puisqu'elle l'accusait coupable de certaines infractions, mais en vain. L'Inde a donc sûrement pu décider de prendre la situation en main en le tuant.

Nous pouvons alors constater qu'il y a deux camps : celui du Canada et des Five Eyes (regroupement des cinq pays anglophones : Canada, États-Unis, Grande-Bretagne, Australie et Nouvelle-Zélande) et celui de l'Inde. Ils croient que l'Inde est coupable du meurtre d'Hardeep Singh Nijjar. Il y a aussi celui affirmant que l'Inde ne serait pas coupable et que le problème toucherait seulement le Canada.

Quels effets auront ces tensions sur l'économie, la société indo-canadienne et la diplomatie entre les deux pays ?

Plusieurs experts y voient de grands désavantages économiques puisque les échanges économiques entre les deux pays sont très importants. L'essor commercial indien est l'un des plus rapides et les échanges peuvent y être nombreux. L'arrêt ou la réduction des échanges engendrerait de grandes pertes financières des deux côtés. Bien que nous ne puissions pas oublier ou ignorer l'événement qui s'est passé, le Canada tente de fournir des efforts afin de maintenir les relations puisque ça fait de nombreuses années que les deux pays s'efforcent de travailler ensemble malgré leurs différends.

Du côté des tensions diplomatiques, les deux nations ont mutuellement renoncé à leurs ambassadeurs indo-canadiens et l'Inde refuse d'offrir des services de visa pour les citoyens canadiens. Les deux États devront persévérer afin de régler ce froid politique qui perdure depuis quelques jours. Nous verrons dans les semaines qui suivront si les deux pays ont su se réconcilier et trouver une solution.

Du côté de la société Sikh au Canada, ils pleurent le décès d'un de leur leader, mais ils continueront de se battre afin de faire valoir leur opinion sur leur désir que le Pendjab devienne indépendant. Les sikhs à l'international poursuivront leur culture sans se préoccuper de ce que l'Inde pense d'eux.

Espérons que les relations entre les deux pays s'amélioreront.