Par : Thomas Montigny

On compte désormais beaucoup plus de voitures sur nos routes au Québec qu'autrefois. Les impacts sur l'environnement sont désastreux même si les ventes de voitures électriques explosent. Quelle est la suite pour le marché de l'automobile et les habitudes des consommateurs québécois ?

Selon la SAAQ, il y avait 7 millions de véhicules sur les routes au Québec en 2021[1] pour une population d'environ 8 millions d'habitants. C'est effectivement énorme, mais plusieurs experts estiment qu'il faudrait réduire de moitié ou même de 75 % le nombre de véhicules afin d'avoir la possibilité d'atteindre notre objectif de carboneutralité partout à travers la province.

Les comportements du consommateur sont difficiles à changer

Plusieurs analystes — dont Nicolas Bérubé — ont observé que les acheteurs sont toujours attirés par un véhicule plus luxueux, imposant et coûteux. Pour quelles raisons ? M. Bérubé a mis le doigt sur « la bonne raison » et « la vraie raison »[2]. Dans la première, on va surtout se dire que nous avons besoin de changement, de sécurité et de confort, mais il remarque que ce n'est pas la vraie raison. La réelle explication pour laquelle on s'approprie du luxe, c'est pour faire bonne allure devant ses voisins et collègues, ainsi il est plus difficile de se débarrasser du luxe après y avoir goûté.

Si on se fie à l'analyse de M. Bérubé, les Québécois (ainsi que les Nord-Américains) ont tendance à toujours dépenser pour se procurer soit du plus nouveau ou du plus gros. Ceci est en partie dû aux fabricants de voitures.

Les publicités qui donnent le goût de dépenser

On voit beaucoup de publicités, de voitures électriques ou non qui présentent leur modèle dans des espaces enivrants et vides. Ceci n'est pas fait pour rien. Le besoin de liberté, d'explorer ainsi que de valoriser la voiture est tel que les publicités nous poussent à acheter quelque chose dont nous n'avons pas besoin.

C'est bien beau se dire verts et promouvoir des voitures électriques, mais on consomme toujours plus[3]. Selon Mélissa de La Fontaine, le poids moyen des voitures au Québec augmente de 12 kg par année.

Le gouvernement n'améliore pas les choses

Le Québec est une province énorme et avec divers niveaux de développement et d'infrastructures. Étant donné que les transports en commun sont perçus comme l'une des solutions à notre surplus de voitures, il faudra diversifier ce service et le rendre accessible partout dans la province. Dans des milieux plus éloignés, les distances à faire sont plus considérables et complexes, car il est probable qu'un train ou autobus ne se rende pas directement au point désiré.

Avec le manque d'attention et d'argent investis — par la CAQ (Coalition Avenir Québec) — dans ce service à offrir[4], il est difficile d'imaginer une suite positive dans les transports en commun parce que l'argent manque actuellement. Nous verrons moins de projets se réaliser surtout dans les endroits ruraux.

Un autre exemple d'inefficacité de la part de la CAQ dans les initiatives à défavoriser les voitures à l'essence est la fin du programme Roulez vert. Cette idée promue par la CAQ offrait des milliers de dollars aux acheteurs de voitures électriques ou hybrides. L'objectif était de diriger les Québécois vers une industrie automobile plus propre, mais avec les difficultés économiques de la province présentées dans le budget de 2024-2025, le projet prendra fin officiellement le 31 décembre 2026[5].

[1] Turmel, Émilie. « Bilan routier parc automobile et permis de conduire – 2021 », SAAQ, 2022. Page consultée le 23 mars 2024.

[2] Bérubé, Nicolas. « La vrai raison qui nous pousse vers le luxe », LaPresse, 22 octobre 2023. Page consultée le 23 mars 2024.

[3] De La Fontaine, Mélissa. « Publicités d'automobiles : ce qu'il y a derrière le marketing », LaPresse, 19 décembre 2019. Page consultée le 23 mars 2024.

[4] Blais, Stéphanie. « Des organismes dénoncent le « bilan catastrophique » de la CAQ en matière de transport collectif », La Presse Canadienne, 12 février 2024. Page consultée le 23 mars 2024.

[5] Bordeleau, Stéphane. « La fin du programme Roulez vert arrive « beaucoup trop tôt », selon les concessionnaires », Radio-Canada, 13 mars 2024. Page consultée le 23 mars 2024.