Nos habitations, nos déplacements, nos activités et notre consommation émettent et dépendent grandement de l'électricité de nos compagnies comme Hydro-Québec. Cependant, nous devons en faire davantage en obtenant la carboneutralité tant convoitée.

Pour atteindre l'objectif de la carboneutralité au Québec, Hydro-Québec a récemment présenté un plan mettant de l'avant des investissements colossaux visant à augmenter considérablement sa génération d'électricité entre 150 et 200 térawattheures[1]. À combien s'élèvent les investissements nécessaires ? Plus de 100 milliards de dollars auxquels il faut ajouter 70 à 80 milliards pour s'assurer de la fiabilité des services. Les investissements actuels d'Hydro-Québec s'élèvent annuellement à 4 milliards, mais devront tripler chaque année pour arriver à leurs fins en 2035.

Plusieurs s'inquiètent pour les profits de la compagnie d'État qui, selon M. Fitzgibbon « les profits d'Hydro pourraient fondre »[2]. Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie prévoit deux solutions pour qu'Hydro-Québec (HQ) rentre dans son argent : augmenter les tarifs des commerces et entreprises ou réduire les profits donnés au gouvernement provincial. Le « super-ministre » insiste surtout sur l'importance de ne pas augmenter les tarifs résidentiels des Québécois au-delà de 3 % ou du niveau de l'inflation[3]

La mise en chantier de massifs barrages hydroélectriques d'ici 2035 annoncés par HQ remet en question leurs objectifs. La société d'État a affirmé avoir besoin d'environ 35 000 travailleurs de la construction afin de pouvoir construire l'équivalent de 5 fois au moins le barrage de la Romaine en 12 ans seulement[4]. La construction du barrage de la Romaine achevée en octobre 2023 a pris 14 ans à faire, soit à partir de 2009. Certains craignent que le manque de main-d'œuvre soit un défi énorme à surmonter.

En avons-nous vraiment besoin ?

Ces temps-ci, le Québec est en pleine évolution, sa transition énergétique et son utilisation d'électricité augmentent considérablement d'année en année. La pointe hivernale coûte cher à la compagnie puisque la capacité d'énergie à offrir au Québec gonfle rapidement. Selon Statistiques Canada, en 2019, la consommation d'électricité des Québécois s'élevait à 24 mégawattheures par habitant, plaçant donc la province à la première place d'utilisation d'électricité. Notre consommation dépasse de 60 % la moyenne par habitant au sein du Canada[5].

De plus, à la suite d'une hausse incroyable de l'énergie à offrir, des contrats avec d'autres provinces canadiennes ou avec les États-Unis suivront probablement. L'offre énorme de la compagnie et ses tarifs extrêmement bas permettent de maintenir une compétition énorme et d'attirer des clients ainsi que de nouvelles compagnies.

Collaborer avec les Autochtones

Le PDG d'Hydro-Québec, Michael Sabia, a affirmé vouloir travailler et négocier avec les Premières Nations et Autochtones afin d'utiliser certaines de leurs rivières pour la construction de barrages. Selon Radio-Canada, les rivières Nottaway, Magpie, Petit Mécatina, Grande-Baleine, Petite-Baleine, à la Baleine et Caniapiscau auraient un potentiel hydroélectrique alors qu'Hydro-Québec n'a pas dévoilé les rivières qu'elle voudrait exploiter.

Qu'en est-il des autres types d'énergie ?

L'énergie éolienne qui représente 5 % de l'énergie fournie au Québec va tripler sa capacité afin d'offrir 10 000 MW de plus (4000 MW actuellement). Hydro souhaite aussi rénover les éoliennes qui sont moins performantes pour atteindre l'objectif. Michael Sabia estime qu'il aurait entre 1000 et 1500 éoliennes à travers le Québec, qui, ensemble, occuperaient plus de 15 fois la superficie de l'île de Montréal.

La compagnie d'État souhaite fournir entre 500 et 1000 mégawattheures d'énergie solaire en prévoyant qu'environ 125 000 clients installeraient des panneaux prévus à cet effet. M Sabia a dit que, « […] nous analyserons les autres technologies en cours de développement un peu partout dans le monde » 4 en montrant son appui et son intérêt auprès des nouvelles technologies disponibles.

L'énergie nucléaire « ne fait pas partie du plan », selon les propos de Michael Sabia ramassés par Radio-Canada. Plusieurs sont du même point de vue en affirmant que le potentiel énergétique du Québec est si important dans d'autres types d'électricités, qu'investir massivement dans le nucléaire ne vaudrait point la peine. Cependant, Hydro étudie tout de même la possibilité de rouvrir le site existant de Gentilly-2.

Hydro-Québec prévoit de reconvertir la centrale thermique existante de TransCanada Énergie à Bécancour au gaz naturel pour s'assurer d'une grande fiabilité et d'une énergie moins polluante qui pourrait générer entre 400 à 600 MW supplémentaires.

La carboneutralité, un objectif atteignable ?

Le but ultime de ce plan est d'acquérir une énergie complètement verte, abordable et durable. Selon moi, avec toutes ces annonces touchant plusieurs formes d'électricité, nous avons nos chances. Pour arriver à l'objectif tant attendu, il faut le support de tous les Québécois afin de réduire leur empreinte carbone. En effet, Hydro-Québec s'est proposée pour couvrir 50 % des achats d'équipements écoénergétiques[6]. En somme, je crois que tous ensemble nous pouvons y arriver.

[1] Baril, Hélène. « Investissements colossaux au menu », La Presse, 2 novembre 2023. Page consultée le 11 novembre 2023

[2] Lecavalier, Charles. « Les profits d'Hydro pourraient fondre, prévient Fitzgibbon », La Presse, 2 novembre 2023. Page consultée le 11 novembre 2023.

[3] « Adoption du projet de loi no 2 - Hausse des tarifs d'Hydro-Québec limitée à 3 % pour les Québécois », Cabinet du ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, 15 février 2023. Page consultée le 11 novembre 2023. https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/adoption-du-projet-de-loi-no-2-hausse-des-tarifs-dhydro-quebec-limitee-a-3-pour-les-quebecois-45784

[4] Labbé, Jérôme et Thomas Gerbet. « Hydro-Québec bâtira « de nouvelles centrales » d'ici 2035 », Radio-Canada, 2 novembre 2023. Page consultée 11 novembre 2023.

[5] « Profils énergétiques des provinces et territoires – Québec », Statiques Canada, 8 août 2023. Page consultée le 11 novembre 2023. https://www.cer-rec.gc.ca/fr/donnees-analyse/marches-energetiques/profils-energetiques-provinces-territoires/profils-energetiques-provinces-territoires-quebec.html#:~:text=En%202019%2C%20la%20consommation%20d,dessus%20de%20la%20moyenne%20nationale.

[6] Larocque, Sylvain. « Investissements massifs d'Hydro-Québec: Sabia fera appel aux contribuables et au secteur privé », TVA Nouvelles, 2 novembre 2023. Page consultée le 11 novembre 2023.